Veillée pascale
Abbé Jean Compazieu | 13 avril 2011
Textes bibliques : Lire
Nous venons d’écouter longuement la Parole de Dieu. L’Ancien et le Nouveau Testament ont touché nos oreilles. Le Seigneur a voulu nous faire connaître ses hauts faits. Ecouter l’Ecriture Sainte est bien plus que la communication de faits et d’événements mis par écrit sur du papier. Chaque fois, nous avons répondu “Nous rendons grâce à Dieu” ou encore “Louange à toi, Seigneur Jésus”. Nous avons reconnu dans ces textes que Dieu est présent dans notre monde et dans l’histoire humaine.
Nous remercions Dieu de nous avoir fait passer la Mer Rouge – oui, je dis bien “nous”, car saint Paul nous a rappelé que dans le baptême nous participons sacramentellement à la mort et à la résurrection du Christ. En ce temps de Pâques, des enfants et des adultes vont être baptisés. Etre plongé avec tout son corps dans l’eau lors de son baptême, cela a une autre signification symbolique que verser quelques gouttes d’eau sur le front ou la tête.
L’Apôtre Paul évoque certainement le baptême par immersion, car l’immersion est comme une expérience de mort et sortir de l’eau est sans doute vécu comme une expérience de vie. “Frères, nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés.” Et nous sommes appelés à une nouvelle vie. Saint Paul dit : “Si nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi.”
Nous participons donc à la résurrection du Christ. La toute-puissance de Dieu fait également de nous des hommes nouveaux. Etre un homme nouveau, c’est ne plus être esclave du péché, c’est vivre dans une nouvelle liberté, c’est vivre avec le Christ. Personnellement, j’ai vu dans le Carême un chemin vers des retrouvailles avec la liberté que le Christ nous a acquise. Je voudrais que, pour nous tous, la veillée pascale, avec ses lectures et ses rites, soit une fête qui confirme la liberté reçue au baptême. “Lui qui est vivant, dit saint Paul, c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même vous aussi : pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus Christ.”
Nous allons bientôt poursuivre la célébration de la veillée. Il s’agit d’un des plus beaux offices de toute l’année liturgique. Nous touchons les fondements de notre être chrétien, car nous célébrons le mémorial de la mort et de la résurrection du Christ dans un contexte particulier. L’Evangile de la résurrection selon saint Mathieu a une particularité par rapport aux autres. Mathieu nous fait en quelque sorte assister à la résurrection du Crucifié. Cela commence avec un grand tremblement de terre. L’Ange du Seigneur est là et roule la pierre. Cette pierre, c’est celle de tous nos enfermements, nos égoïsmes, notre péché. Cet événement de la résurrection nous rappelle que la mort et le péché ne peuvent avoir le dernier mot. Le Christ ressuscité veut nous associer à sa victoire.
Cette célébration va se poursuivre par la bénédiction de l’eau qui servira pour les baptêmes. Par ce sacrement, nous avons été immergés dans cet océan d’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. C’est ce que va nous rappeler l’aspersion. Mais pour bien manifester que nous voulons nous attacher au Christ, nous allons confesser la foi de notre baptême et manifester notre désir de vivre d’une vie nouvelle.
Oui, béni-sois-tu, Seigneur, pour cette merveille de ton amour. Garde-nous dans l’émerveillement de cette nuit et dans la joie de nous savoir aimés de toi. Amen
Père Jean, en plein dans la préparation de la semaine sainte, vos textes nous arrivent comme la rosée du matin. Hier soir, préparation avec le’Equipe d’animation paroissiale…ce soir dans une famille pour la dernière préparation de 3 baptêmes (une fratrie…)
Vos textes donnent l’essentiel, à nous d’en profiter! Bonnes fêtes de Pâques. François Beauchesne
Merci pour ces belles paroles. quand vous parlez de liberté je pense au pape Benoit XI lors de l’inauguration des colleges des Bernardins qui a dit :
Le seigneur c’est l’Esprit et là ou l’Esprit du Seigneur est present là est la liberté
2 co 3,17 –
VIGILE PASCALE
Trois jours, qu’est-ce dans l’histoire de l’humanité et plus encore dans l’histoire du monde ? Trois petits jours et pourtant plus rien ne pourra être comme avant. Trois jours pour changer le monde, cela a commencé un soir par un dernier repas pris en petit groupe, cela a semblé s’achever sur une croix devant une foule voyeuse friande de se repaître du spectacle des derniers condamnés à mort, et nous voici déjà au troisième jour. Il a fallu trois jours à Dieu et non plus sept comme dans la première lecture – la Création – pour que le monde reparte de l’avant, que le monde retrouve un sens à son histoire et arrête d’errer d’impasse en impasse. Trente ans de vie cachée, trois ans de vie publique, trois jours de passage.
Trois petits jours qui pourtant contiennent tout. Comment faire pour en découvrir toute la portée, l’enjeu pour les siècles à venir ? Regardez l’Évangile : «allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts ; il vous précède en Galilée : là, vous le verrez !’»
L’affaire semblait pliée, trois jours pour oublier cette histoire et repartir à sa vie avant, avec ses petites misères et ses petites compromissions. Tout s’était effondé écroulé, tous les espoirs s’étaient envolés. Il ne reste rien, rien de rien et de ce rien, par ce rien, dans ce rien, Dieu va donner sens à notre histoire. Il faut avoir suivi le Christ jusqu’au bout, avoir peiné avec lui, avoir buté, trébuché sur les pierres qui jalonnent le chemin, avoir douté, pleuré, crié pour pouvoir maintenant entrer dans le temps de Dieu. Dieu s’empare de l’histoire et s’y inscrit pour que celle-ci, non pas se finisse comme dans les ravissantss contes de notre enfance, mais pour que l’espérance ait toujours le dernier mot. Les espoirs sont enterrés, ils sont morts sur la Croix du Christ, ensevelis dans le tombeau et n’en sortiront pas, mais une espérance en cette vigile vient de naître. Une espérance qui brise les portes de la mort, qui en fracture les verrous ; une puissance inouïe de vie, une explosion de vie a jailli du tombeau. Saint Paul en témoigne dans son épître aux Romains (8,38-39) : « Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur. » La Vie est là, éclatante, resplendissante, la lumière brille dans les ténèbres de nos nuits comme nous le signifie le Cierge Pascal.
Trois jours de rien du tout, mais par lesquels il nous faut passer, il nous faut entrer si nous aussi voulons participer à la vie du Christ. Alors oui, trois grands jours qui valent le coup, qui concentrent en eux toute la présence de Dieu, un Dieu à genoux qui lave les pieds de ses disciples puis qui se donne en nourriture pour finir dans un don ultime sur un morceau de bois dressé là sur le chemin. Dans ce sacrifice , ce don total de tout son être, la mort est vaincue, elle est dorénavant à ses pieds et le Christ désormais nous entraîne à sa suite, il nous fait franchir les portes de la mort pour nous donner sa vie.
Oui, trois jours depresque rien mais pas trois jours pour rien. Rrendons grâce à Dieu de nous faire entrer dans sa vie, sa vie éternelle, suivons-le, dans l’espérance que la vie est plus forte que la mort. Oui, nous y participons tout simplement dans cette eucharistie. Amen.
JOUR DE PÄQUES
Ils étaient trois devant un tombeau vide. Trois témoins déconcertés de ce que l’œil n’avait jamais vu, ni l’oreille entendu. Trois figures aussi de la charité, de la foi et de l’espérance que la Résurrection du Christ a rendu victorieuses.
La première arrivée au tombeau est une femme : Marie-Madeleine. Elle s’est levée matin, bien avant le soleil. Toute de noir vêtue, elle a traversé Jérusalem encore endormie. Elle s’en allait rendre un dernier hommage à celui qu’elle aime. Elle porte des aromates pour en oindre Jésus. Faut-il se donner tant de peine pour un mort ? Mais la Madeleine veut, en embaumant Jésus, poser le dernier geste d’un amour reconnaissant, délicat et gratuit. Et c’est pourquoi elle est pour nous la figure de la charité. Elle nous apprend à croire en l’amour, à persévérer dans l’amour, en toutes circonstances. Il est des moments où il nous semble qu’il est inutile d’aimer encore parce nous n’avons plus la force de le faire, ou parce que nous pensons que notre amour ne sera pas reçu. En ces heures de découragement, quand nous sommes tentés de nous dire « A quoi bon ? », regardons Marie-Madeleine, restée fidèle au commandement de Jésus : « Demeurez dans mon amour ». Et elle a eu raison d’agir ainsi. Car la résurrection de Jésus proclame le triomphe de la charité sur le mal et sur la mort.
Le deuxième arrivé au tombeau, c’est Jean. Il court vers le tombeau avec tout l’élan de sa jeunesse, laissant loin derrière lui Pierre tout essoufflé. Arrivé au sépulcre, il voit, et il croit. Mais que voit-il ? Rien, justement rien. Il ne voit rien, car le tombeau est vide. Mais ce rien lui suffit pour croire en la résurrection. Le tombeau est ouvert et les linges sont pliés. Cela suffit pour qu’il comprenne : « il est ressuscité comme il l’avait dit, comme il l’avait dit, comme il l’avait promis ». Et c’est pourquoi Jean est pour nous la figure de la foi, cette foi qui ne repose pas sur des preuves matérielles ou sur des démonstrations mathématiques, mais sur la confiance en la parole qui sort de la bouche de Dieu et ne lui revient pas sans avoir accompli sa mission (Isaïe 55). La foi est une nuit, parce que l’on ne voit pas, mais c’est une nuit plus lumineuse qu’un plein midi. A celui qui met sa confiance dans le Christ et dans sa parole efficace, il est donné de une vie illuminée par l’aube de Pâques.
Le dernier à la course vers le tombeau, c’est Pierre. Il n’a pas eu un très beau rôle pendant la passion. Il a renié Jésus, volontairement, consciemment : trois fois ! Dans le fond, vaut-il mieux que Judas ? N’a-t-il pas trahi lui aussi, à sa manière ? Seulement il y a cette différence profonde entre Judas et Pierre : Judas s’est pendu. Quand il a pris conscience de sa faute, il a désespéré de la miséricorde de Dieu. Mais dans le cœur de Pierre, cette espérance est toujours restée intacte. A l’aube de Pâques, devant le tombeau vide, il sait qu’il a eu raison d’espérer malgré son péché, d’espérer contre toute espérance. Plus tard, sur le lac de Tibériade, Jésus lui dira trois fois « Pais mes brebis », en écho à ses trois reniements. Et au jour de Pentecôte, c’est lui et pas un autre, qui témoignera devant tout le peuple de l’espérance pascale. Et c’est pourquoi Pierre est pour nous la figure de l’espérance. Bien souvent, notre péché nous conduit dans des impasses, dont nous ne savons plus comment sortir. Et pour nous sauver de ce péché, il a fallu la Croix. Mais la résurrection de Jésus nous montre que Dieu ne se résigne jamais à la mort, ni au péché: rien n’est jamais fini pour Dieu, car il fait toutes choses nouvelles. Notre Dieu est le Dieu de l’espérance, le Dieu de l’avenir, dun avenir toujours possible.
En ce matin de Pâques, Marie Madeleine, Jean et Pierre ont couru jusqu’au tombeau ouvert. Suivons-les. Soyons nous aussi les sentinelles du matin qui témoignent en ce monde que, malgré les apparences qui sont parfois contraires, le Christ est vainqueur, et que ceux qui l’aiment, qui croient et qui espèrent en lui partagent sa victoire, dés maintenant, et pour l’éternité.
Les homélies sur kerit.be
La Resurrection de notre Seigneur Jesus-Christ, un mystere qui depasse tout entendement humain. Voudrais-tu percer ce mystere? Alors commence par croire et tu finiras par comprendre. Par contre, si tu commences par vouloir comprendre, le Mur de Planque barrera tout et tu ne parviendras jamais a croire. Un mystere que nous avons toujours du mal a faire comprendre ici au Japon. Tous, sinon une grande majorite veulent d’abord voir et comprendre avant de croire. Mais nous ne baissons pas les bras, nous continuons de precher non seulement ce que nous avons appris, mais aussi et surtout ce que nous croyons nous-meme. Et nous continuons de prier Dieu au nom du Christ Ressuscite pour qu’il fasse comprendre ce mystere et conduire son peuple a la foi. A tous les chretiens de bonne foi, nous demandons de prier non seulement pour les chretiens du Japon, mais aussi pour tous ces missionnaires qui oeuvrent dans ce pays, terrain ou cohabitent pas mal de religions, un terrain de dialogue interreligieux certes, mais ou l’on peut facilement glisser dans le relativisme. Au pere Jean et a tous les abonnes du dimanche prochain, je souhaite un priant Triduum pascal et aussi une heureuse fete de Paques.